Charles Guirriec, l’entrepreneur qui a la cote !

L’actualité écologique de ces dernières semaines – le scandale du métabisulfite dans les crevettes, les côtes africaines qui se vident de leurs poissons, le prix Goldman pour l’environnement décerné à la militante écologiste française Claire Nouvian, fondatrice de l’ONG Bloom – a attisé notre curiosité sur les enjeux de la pêche durable et de la transparence alimentaire. Rencontre avec Charles Guirriec, ingénieur agronome amoureux de la pêche, co-fondateur de Poiscaille, et lauréat du programme Scale Up.

Poiscaille, c’est le premier circuit court des produits de la mer, une entreprise qu’il a créée avec son associé Guillaume Gréaud.

 

Poiscaille
© Anthony Guenec, JG Photography

De sa passion pour la pêche à l’envie d’entreprendre

Charles fait partie des entrepreneurs que nous pouvons écouter de longues heures tant son amour pour la pêche nous transporte. Nous nous imaginons à plusieurs reprises sur le bateau de l’un des pêcheurs avec qui il travaille en Bretagne ou dans un restaurant en bord de mer en train de déguster des huîtres…

« Il y a quelques années, j’ai eu la chance de passer un an en tant qu’observateur des pêches en Méditerranée et sur le Bassin d’Arcachon. Cette expérience a été plus qu’enrichissante, elle m’a ouvert les yeux sur le quotidien des pêcheurs et l’intérêt pour eux de vendre en direct », explique le co-fondateur de Poiscaille.

Quel a été le déclic de cet ingénieur devenu entrepreneur à fort impact environnemental ? « Membre d’une AMAP, je me suis dit qu’il manquait une offre pour du poisson frais ! On m’a dit que c’était trop compliqué de mettre en place une telle offre pour des raisons sanitaires et pratiques… J’ai continué à en parler en soirée et mon entourage m’a poussé à me lancer ! ».

Charles Guirriec a eu du flair car le concept du circuit court des produits de la mer répond en effet à une demande des consommateurs français : fraîcheur (il garantit un poisson frais de moins de 48h livré à Paris), transparence (identité du pêcheur, technique, lieu exact de pêche sont affichés), accessible financièrement, issu d’une pêche durable et offrant une stabilité financière aux pêcheurs.

« Une fois le concept testé, je suis allé en Bretagne car j’y connaissais des pêcheurs », précise Charles. L’aventure Poiscaille a alors démarré avec les premières livraisons de coquilles Saint-Jacques, de la Bretagne à la capitale. Et Poiscaille a rencontré son public.

Bilan après 2 ans d’existence : 1000 abonnés, des dizaines de restaurants livrés à Paris et une cinquantaine de pêcheurs rémunérés au juste prix sur les côtes françaises et le Lac Léman.

De l’impact environnemental à l’impact social

© Poiscaille

C’est sur les conditions de travail des pêcheurs que Charles est le plus loquace. Le sujet lui tient à cœur : « je travaille depuis un an avec Bertrand, un pêcheur du Guilvinec, dans le Finistère. Grâce aux clients de Poiscaille, il peut maintenant se reposer le samedi car nous pouvons lui assurer des revenus réguliers. Il a pu faire des travaux sur son bateau. Il nous demande aujourd’hui quel genre de filet acheter pour attraper telle espèce… je suis heureux de savoir que des pêcheurs vivent dans de meilleures conditions et qu’ils peuvent pérenniser des pratiques de pêche durable grâce à Poiscaille ».

Mais qu’est ce qui motive un entrepreneur à fort impact à se lever chaque matin ? : « Quand les pêcheurs nous remercient, ou qu’ils nous disent que « c’est important que vous soyez là », qu’ils sont moins stressés et qu’ils reprennent confiance quant à l’avenir, je suis heureux et cela me booste énormément ! », répond Charles avec enthousiasme.

Circuit court, produits frais, rémunération plus juste pour les pêcheurs, poissons pêchés sur les côtes françaises, techniques de pêche durable… les raisons du succès de cette jeune entreprise sont nombreuses et ont convaincu Emmanuel Moreau, journaliste sur France Inter pour l’émission « Esprit d’initiative », d’interviewer Charles Guirriec.

De l’intérêt d’être accompagné par le programme Scale Up

« J’ai eu la chance d’être accompagné à deux reprises par l’équipe d’Antropia ESSEC. Une première fois dans le cadre du programme Start Up et plus récemment au sein du programme Scale Up ».

Le programme Scale Up lui a permis de « prendre de la hauteur sur les sujets opérationnels du quotidien, de se concentrer sur sa stratégie de changement d’échelle, d’accéder à un réseau d’entrepreneurs à fort impact ainsi qu’à des experts métiers et à un coach stratégique ». En effet, le co-fondateur de Poiscaille a pu bénéficier d’un mentoring stratégique et financier par un banquier de la Banque Edmond de Rothschild, Léo Abellard.

Ambition et actualité de Poiscaille

« Grâce à notre bonne croissance, nous pouvons nous projeter sur plusieurs années.» Charles Guirriec ambitionne d’avoir 500 abonnés de plus avant la fin de l’année 2018, et 5000 abonnés en 2019.

Charles nous dévoile une nouvelle offre BtoC pour 2018 : le lancement d’une offre de poisson mis sous vide ! « Récemment on refait du « mulet fumé », c’est un poisson très abondant, mal réputé mais pourtant délicieux ! ». L’équipe de Poiscaille ne se contente pas de vous livrer du poisson éthique et durable, elle vous donne aussi, sur les réseaux sociaux, des recettes et astuces de préparation et de conservation 🙂

Si vous êtes tentés par les paniers Poiscaille, vous pouvez les commander sur leur site internet.

3 conseils destinés aux futurs entrepreneurs  par le co-fondateur de Poiscaille

1- Payer ses salariés au prix du marché – Même si la situation financière de l’entreprise peut être précaire, il est important de payer ses salariés au prix du marché et de leur donner accès aux produits que nous vendons ! On essaie de soutenir les pêcheurs pour que leurs conditions de vie s’améliorent, si on dégrade les nôtres, c’est raté.

2- Avoir des valeurs fortes et s’y tenir – Pour impliquer ses salariés, ses prestataires et ses clients, afficher ses valeurs est une chose qui peut beaucoup aider. Il faut s’y tenir et ne pas en faire uniquement un discours marketing !

3- Apprendre à dire non – Je suis de nature très volontaire… savoir dire non n’est pas facile mais nécessaire !

 

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Par Neslian Ozveren, pour Antropia ESSEC