La France a deux incroyables talents
Ce portrait est dédié à deux entrepreneurs à fort impact social, Thibault Bastin, 26 ans et Barthélemy Gas, 26 ans, les plus jeunes Lauréats de la promotion 2017-2018 du programme Scale Up.
Quel est le projet qui les fait tant grandir et qui rend si fières la maman de Thibault et la grand-mère de Barthélémy ?
Les Talents d’Alphonse, une plateforme qui met en relation des seniors, appelés « Alphonse », ou « Alphonsine » et des « curieux », des personnes qui souhaitent découvrir une nouvelle activité telle que la couture, la photo, la mécanique…
Après deux heures de discussion riche et chaleureuse dans leurs nouveaux locaux au centre de Paris, l’on découvre deux hommes humbles, bosseurs et matures. Trois qualités indispensables pour un entrepreneur qui souhaite changer d’échelle et maximiser son impact social ou environnemental.
La naissance des « Talents d’Alphonse »
Tout a démarré lors d’une expérience professionnelle à l’étranger lorsqu’ils étaient étudiants en école d’ingénieur. Barthélémy a découvert le Congo, les Sapeurs, le respect des anciens et un rapport aux plus âgés très différent de celui en Occident. Thibault a quant à lui rencontré Miguel aux Philippines, un réparateur de bicyclettes qui faisait partie des anciens du quartier.
Bien qu’éloignés de milliers de kilomètres, les fondateurs des Talents d’Alphonse ont alors pris conscience d’une chose essentielle, « l’importance du rôle des seniors dans l’équilibre d’une société ». Ils ont eu l’intelligence d’apprendre de ces deux pays moins développés économiquement mais au travers desquels ils ont découvert une solidarité vitale et de la bienveillance entre les générations.
De retour en France, ils se lancent le défi de recréer du lien social entre les générations.
En septembre 2016, ils étaient sur la scène du Grand REX à Paris devant près de 3.000 personnes pour leur premier TEDx. Leur leitmotiv : « aujourd’hui, alors qu’un tiers de la population française a plus de 60 ans, il est urgent de repenser un modèle de société où l’on ne considère plus les seniors comme un poids mais comme une ressource indispensable au bon équilibre de notre société ».
Leur “role model”
La réussite d’un projet ou le cours d’une vie peut basculer grâce à une seule rencontre. Pour Thibault et Barthélemy, ce sera avec Muhammad Yunus, prix Nobel de la Paix 2006 pour avoir fondé la première institution de microcrédit – la Grameen Bank – lorsqu’il avait 36 ans. Muhammad Yunus les a fortement inspiré par sa qualité de visionnaire, son esprit pionnier et son charisme. L’auteur de l’ouvrage Vers une économie à trois zéros. Zéro pauvreté. Zéro chômage. Zéro émission carbone, aux éditions JC Lattès, a réussi à fédérer toutes les parties prenantes autour de son action et à concilier social et business. « Il est rare aujourd’hui de réussir à rassembler autour de la même table des banquiers, des économistes, des membres de société civile, des institutions publiques,… Muhammad Yunus l’a fait. Il est le premier à avoir réussi à mettre au même niveau impact social et impact financier », précise Thibault, admiratif.
Pas de véritable échec, mais « une erreur de débutant »
Comme dans toute interview d’entrepreneur qui se respecte, le sujet de l’échec arrive… Les deux entrepreneurs n’ont en pas “encore” connu, mais Thibault nous parle de « leur erreur de débutant ». Lorsqu’ils ont intégré une première personne dans leur équipe à la naissance de leur entreprise, ils ont fait le choix assez instinctivement du micro-management, « le management par heure ou par tâche ». Expérience pénible pour eux et pour la personne managée. Ils comprennent donc rapidement l’importance primordiale de la confiance dans leur façon de travailler. Désormais, Thibault et Barthélemy fixent des objectifs par mois à leurs collaborateurs et les laissent gérer leur « TO DO » comme ils le souhaitent. Avec cette méthode, les deux fondateurs peuvent se libérer plus de temps pour les sujets stratégiques.
De l’intérêt d’intégrer le programme Scale Up d’Antropia ESSEC
En juillet 2017, ils sont sélectionnés pour intégrer la promotion 2017-2018 du programme Scale Up. Ce dernier, porté par Antropia ESSEC, a été co-fondé en 2010 par l’ESSEC Business School et les Fondations Edmond de Rothschild. Grâce à ce programme d’accompagnement complet destiné aux entreprises à fort impact sociétal en phase de changement d’échelle, les deux co-fondateurs ont pu suivre des séminaires de formation, par exemple sur la question de la mesure d’impact social avec Kévin André, professeur à l’ESSEC et spécialiste du sujet. C’est justement la mesure d’impact que Thibault évoque spontanément comme sujet primordial aujourd’hui (lire le Manuel pour maximiser l’impact des entreprises sociales, co-écrit par Kévin André et Anne-Claire Pache, Professeurs à l’ESSEC, et Clémentine Gheerbrant). Leur première mesure d’impact sera présentée au cours de ce mois de janvier dans leurs locaux. Sur la création d’emploi : ils ont créé « 2 jobs de rêves » en CDI, les leur. L’équipe compte aujourd’hui 6 personnes et avec l’implantation à Lille, ce chiffre ne pourra que croître.
Les deux co-fondateurs sont accompagnés sur la stratégie de changement d’échelle de leur entreprise, les questions juridiques (rencontre avec des cabinets d’avocat spécialisés en droit du travail notamment, tels que PROSKAUER), la rencontre avec des investisseurs à fort impact. Ils bénéficient également d’un mentoring stratégique et financier, grâce à une collaboratrice du Groupe Edmond de Rothschild, Li Yin Adrien qui est très impliquée dans leur projet.
Depuis cette année, un nouveau track sectoriel dédié à la Silver Economy est mis en place avec le groupe de protection sociale Humanis, l’autre partenaire du programme Scale Up, aux côtés des Fondations Edmond de Rothschild. Humanis met ainsi à disposition des Talents d’Alphonse un pool d’experts salariés. Une très belle opportunité pour eux puisqu’ils ont le même coeur de cible qu’Humanis, les seniors. « Nous avons conscience que le programme Scale Up nous permet de bénéficier de séminaires de grande qualité et du savoir-faire d’experts métiers que nous n’aurions pas pu nous offrir », précise Thibault, l’un des deux co-fondateurs. « Nous allons plus vite et faisons des choix financiers stratégiques grâce à notre mentor et aux rencontres que nous a permises le programme Scale Up. Sans parler de l’ambiance de promo très agréable et du rythme de 3 séminaires de 2 jours très bien adapté à nos agendas ! » résume Thibault, très enthousiaste.
Après Paris, les deux co-fondateurs viennent de s’implanter à Lille avec le fort soutien d’Humanis, partenaire qui les a accompagné dans cet essaimage. Frédéric Motte, président du MEDEF Hauts-de-France qui a eu un coup de coeur pour le projet, les a également soutenus à l’échelle locale.
3 conseils destinés aux futurs entrepreneurs par les fondateurs des Talents d’Alphonse
1- « Bien s’entourer : ne pas se lancer seul mais avec un ou une seule associée en qui tu as confiance. On était déjà un peu amis en école d’ingénieur. On avait la même vision, on adorait voyager, on travaillait ensemble dans un resto les soirs et le weekend pour rencontrer du monde. On a travaillé ensemble sur un projet de fin d’études et on a eu plaisir à le faire ensemble ! »
2- « Toujours garder en tête cette question « Pourquoi tu te lances dans ce projet ? » ! Ne pas se lancer à partir de l’idée d’un produit, d’une appli ou d’une plateforme mais plutôt se demander « qu’est ce que l’on aimerait changer dans notre société ? ». Le produit doit être un moyen et non la finalité. En créant les Talents d’Alphonse, on ne s’est pas dit de prime à abord que l’on aimerait faire une plateforme, mais que l’on voulait lutter contre l’isolement des personnes retraitées en France. »
3- « Rester humble, valeur très importante à mon sens. Toujours prendre les retours d’expériences de nos pairs, démarcher en demandant des conseils, ne pas hésiter à demander de l’aide clairement lorsque l’on est ignorant sur un sujet spécifique… En bref, être à l’écoute de tous »
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Par Neslian Ozveren, pourt Antropia ESSEC